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Publié le 22 février 2017
Depuis le 1er janvier 2016, tous les locaux d’habitation doivent être équipés d’un détecteur de fumée. Ce n’est pas encore le cas et les ventes de détecteurs stagnent. Pourtant, en France, près de 300 vies auraient été sauvées en 2016. Et le petit boîtier a fait la preuve de son efficacité là où l’obligation est plus ancienne.
Depuis un peu plus d’un an, tous les logements doivent être équipés d’un détecteur avertisseur autonome de fumée (DAAF). L’obligation imposée par la loi Meslot-Morange devait entrer en vigueur le 8 mars 2015 puis a été repoussée au 1er janvier 2016.
« 55 à 60 % des logements ont été équipés, estime Romain Canler, délégué général de la Fédération française des métiers de l’incendie (FFMI). Il existe cependant une grande disparité entre le logement social, où plus de 95 % des logements sont équipés - car aucun bailleur social ne va prendre la responsabilité de ne pas équiper son parc -, et le logement privé où le taux d’équipement est bien inférieur à 50 %, notamment dans les résidences secondaires. »
Pour réaliser cette estimation, la FFMI a croisé trois indicateurs :
Les deux premiers facteurs aboutissent à une moyenne de 1,6 détecteur par logement. Néanmoins, l’enquête réalisée auprès des commerces a révélé que les consommateurs achètent en moyenne 2,1 détecteurs par personne. « Cela joue fatalement sur le taux d’équipement global, c'est-à-dire que tout le monde n’en a pas acheté », précise Romain Canler.
Selon la FFMI, les propriétaires bailleurs auraient plutôt bien équipé les logements qu’ils mettent en location, pour des raisons de responsabilité. « Paradoxalement, c’est le risque juridique qui fait bouger les choses, davantage que la perception du risque incendie », s’étonne Romain Canler.
Seuls 20 % des particuliers considèrent en effet que le détecteur de fumée est utile. C’est ce que révèle une enquête réalisée par le site Supermano.fr avec Yougov en décembre 2016(1). Pourquoi si peu ? Romain Canler y voit avant tout « un déficit d’information et de pédagogie sur le sujet », regrettant le manque de campagne nationale d’envergure.
Pourtant les pays où les détecteurs de fumée ont été rendus obligatoires longtemps avant la France ont vu leur nombre de victimes d’incendies domestiques chuter de moitié (voir encadré). Et en Suède, où les DAAF ne sont pas obligatoires mais où la sensibilisation de la population est importante et régulière, environ 90 % des foyers en sont équipés.
En France, il semblerait que près de 300 vies auraient été sauvées en 2016. Le site internet www.1viesauveeparjour.fr recense les drames humains évités grâce à cet équipement. Depuis janvier 2016, l’équipe du site épluche la presse quotidienne régionale à la recherche de faits divers relatant des départs d’incendie et le déclenchement de détecteurs de fumée. Un chiffre qui parait crédible à la FFMI, qui rappelle cependant que de nombreux articles sont sortis dans la presse au mois de janvier, incitant la presse régionale à se faire davantage l’écho des incendies domestiques avec une issue positive pour les occupants, en lien avec un détecteur de fumée. « Il y a donc sans doute beaucoup plus de personnes qui ont été sauvées par un détecteur de fumée » en conclut Romain Canler.
À l’heure actuelle, la vente de DAAF stagne, alors qu’un incendie domestique se déclare toutes les deux minutes en France. Pourtant, ce ne sont pas les détecteurs qui manquent. D’après l’Afnor, plus de 200 détecteurs de fumée certifiés NF sont disponibles dans le commerce. Mais la loi ne prévoit ni contrôle, ni sanction. La FFMI considère que, pour être plus efficace, la réglementation pourrait évoluer et prévoir en particulier l’obligation de vérification des DAAF dans les diagnostics électriques obligatoires, aussi bien à la vente qu’à la location. « La sanction va apparaître progressivement au travers de la jurisprudence, reprend Romain Canler, par exemple si un incendie se déclare dans un foyer ayant accueilli un camarade de leur enfant, et que celui-ci aura péri dans l’accident, faute de détecteur pour alerter. »
(1) « Halte au feu pour les détecteurs de fumée : 1 an après, les Français sont-ils aux normes ? », enquête Supermano.fr et Yougov France, réalisée entre le 16 et le 19 décembre 2016.
Un rapport préliminaire au vote de la loi Meslot-Morange en 2010 le confirme(1) : « Tous les pays qui en ont fait l’expérience avancent un même chiffre : les risques de décès dans un incendie d’habitation sont réduits de moitié lorsque les logements sont équipés de DAAF. »
Aux États-Unis :
Au Royaume-Uni :
D’après le Home Office, les ménages qui ne possèdent pas de DAAF sont 4 fois plus susceptibles de décéder en cas d’incendie.
(1) Rapport fait au nom de la Commission des Affaires économiques, de l’Environnement et du Territoire sur la proposition de loi de Messieurs Pierre Morange et Damien Meslot visant à rendre obligatoire l'installation de détecteurs de fumée dans tous les lieux d'habitation, Assemblée nationale, 5 octobre 2005.
Le conseil de Promotelec
À chaque fois que vous vous rendez chez un client, demandez-lui s’il a installé un DAAF dans son logement si vous n’en voyez pas, et rappelez-lui la réglementation, le cas échéant, et les vies sauvées dans les pays où l’obligation est plus ancienne.
L’enquête de Supermano.fr révèle que certains DAAF sont installés dans les mauvaises pièces : 6 % des personnes interrogées l’ont installé dans la cuisine, 1 % dans la salle de bains, alors qu’il faut éviter les pièces où de la vapeur ou de la fumée peuvent être produites. L’électricien est donc le mieux placé pour conseiller son client et poser le ou les détecteurs aux bons emplacements : en priorité dans la circulation ou le couloir menant aux chambres, au centre de la pièce de préférence, au plafond. Chaque étage du logement doit en comporter un.
Pour faire vérifier votre installation électrique, contactez un professionnel parmi les partenaires de l'association Promotelec.
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